Dormir sous les étoiles représente une expérience inoubliable que nous avons tous rêvé de vivre au moins une fois. Lors de ma dernière randonnée en Auvergne, j’ai dû me familiariser avec toutes les règles entourant le camping en pleine nature. Vous vous demandez certainement ce qui est permis ou non quand on souhaite planter sa tente loin des campings traditionnels ?
La France possède une réglementation précise et restrictive (étonnant !) qu’il convient de connaître pour éviter les mauvaises surprises et profiter pleinement de votre expérience en pleine nature.
Cet article, en bref :
- Le bivouac (une nuit, discret) est plus toléré que le camping sauvage (installation durable), mais reste réglementé.
- Il est interdit de camper dans certaines zones protégées ou sans l’autorisation du propriétaire sur terrain privé.
- Respectez la nature en ne laissant aucune trace, en partant tôt (avant 9h), et en vérifiant toujours les règles locales avant de partir.
Bivouac ou camping sauvage ? N’est-ce pas la même chose ?
Avant de vous lancer dans l’aventure, il vous faudra savoir distinguer ce que l’on entend par « bivouac » et par « camping sauvage« . Ces 2 termes sont souvent confondues, mais encadrées différemment par la loi.
Le bivouac correspond à une installation temporaire, généralement dans le cadre d’une randonnée itinérante, où l’on monte sa tente au coucher du soleil pour la démonter au lever du jour, sans laisser de trace. Cette pratique s’inscrit plutôt dans une « logique » de déplacement et d’itinérance.
De l’autre côté, on parlera de camping sauvage dans le cas d’une installation plus durable, souvent sur plusieurs jours au même endroit, et parfois même avec un véhicule à proximité. Cette distinction est vraiment cruciale car les tolérances réglementaires diffèrent considérablement entre une nuit de « transit » et des nuitées plus régulières.
De notre côté, nous avons privilégié le bivouac en montant notre tente de bivouac plutôt qu’une tente de camping classique. Plus légère et moins volumineuse, c’est le matériel qu’il faudra privilégier pour une seule nuit, là où une tente de camping serait plus adaptée pour du camping sauvage (sauf si vous comptez dormir dans votre véhicule, van ou voiture).
Pour résumer simplement les points différenciants :
| Critère | Bivouac | Camping sauvage |
|---|---|---|
| Durée | Une seule nuit (du coucher au lever du soleil) | Plusieurs jours |
| Équipement | Tente légère ou belle étoile | Installation plus conséquente |
| Contexte | Randonnée itinérante | Séjour statique |
| Tolérance légale | Plus souvent tolérée | Plus strictement encadrée |
Ce que dit la loi sur le camping sauvage en France
Selon l’article R111-32 du Code de l’urbanisme, le camping est librement pratiqué hors de l’emprise des routes et voies publiques, avec l’accord de celui qui a la jouissance du sol, sous réserve de l’opposition du propriétaire. Cette formulation juridique complexe signifie sutout que vous devez obtenir l’autorisation du propriétaire du terrain dans le cas d’un terrain privé.
Mais il y a de nombreuses zones où le camping sauvage et le bivouac sont strictement interdits, quelle que soit l’autorisation du propriétaire :
- Sur les rivages de la mer et sites inscrits ou protégés
- Dans les sites classés ou en instance de classement
- Dans les bois, forêts et parcs classés comme espaces boisés à conserver
- Sur les routes et voies publiques
- Dans un rayon de 500 mètres autour d’un monument historique
- Dans un rayon de 200 mètres autour d’un point d’eau potable
- Dans les zones définies par arrêté municipal pour des raisons de sécurité
Les sanctions en cas de non-respect peuvent être dissuasives : des amendes pouvant atteindre 1 500 euros selon la gravité des nuisances ou des atteintes à l’environnement. Pour l’anecdote, quelques amis proches ont été témoins d’un contrôle par les gardes forestiers lors d’une sortie dans les Cévennes, avec des campeurs contraints de démonter leur installation et de quitter les lieux immédiatement.
Si vous préférez éviter la tente et opter pour une expérience encore plus immersive, sachez que le bivouac sans tente présente une expérience unique sous les étoiles. Attention : il reste soumis aux mêmes réglementations même s’il n’y a pas d’installation.
La réglementation spécifique dans les parcs naturels français
Les parcs nationaux et régionaux disposent de leurs propres règlements concernant le bivouac et le camping sauvage. Ces espaces naturels préservés méritent une attention particulière et justifient des restrictions spécifiques pour protéger la biodiversité exceptionnelle qu’ils abritent.
Certains parcs interdisent totalement ces pratiques, comme le Parc national des Calanques, le Parc national de Port-Cros ou plusieurs parcs naturels régionaux (Forêt d’Orient, Vexin Français, Marais du Cotentin et du Bessin). Si vous prévoyez une randonnée dans ces zones, il vous faudra prévoir un hébergement alternatif.
D’autres parcs autorisent le bivouac sous conditions strictes :
- Dans le Parc national de la Vanoise, le bivouac est uniquement autorisé à proximité de certains refuges.
- Au Parc national des Pyrénées, vous pouvez bivouaquer à plus d’une heure de marche des limites du parc ou d’un accès routier, entre 19h et 9h.
- Dans les Parcs nationaux des Écrins et du Mercantour, des règles similaires s’appliquent avec des restrictions horaires précises.
Pour préparer votre équipement, le choix entre un tarp ou une tente dépendra de votre style de trek et des conditions météorologiques attendues. De même, selon la saison et le lieu de votre bivouac, une réflexion sur la différence entre tente 3 saisons et 4 saisons s’avère pertinente pour garantir votre confort et votre sécurité.
Pour en savoir plus, voici quelques sources alternatives ou officielles :
| Parc naturel | Lien vers la réglementation |
|---|---|
| Parc national des Écrins | https://www.ecrins-parcnational.fr/bivouac |
| Parc national des Pyrénées | https://www.pyrenees-parcnational.fr/fr/le-parc-national-des-pyrenees/la-reglementation/campement-et-bivouac |
| Parc national des Cévennes | https://www.cevennes-parcnational.fr/fr/le-parc-national-des-cevennes/la-reglementation-du-coeur/les-regles-pour-tous |
| Parc national du Mercantour | https://www.mercantour-parcnational.fr/fr/le-parc-national-du-mercantour/la-reglementation |
| Parc national de Port-Cros | https://www.portcros-parcnational.fr/fr/le-parc-national-de-port-cros/la-reglementation/reglementation-terre |
| Parc naturel régional du Vercors | https://geo.pnr-vercors.fr/api/fr/treks/29419/traversee-des-hauts-plateaux-du-vercors-a-pied-itineraire-des-grandes-traversees-du-vercors.pdf |
| Parc naturel régional du Haut-Jura | https://www.parc-haut-jura.fr/tourisme/le-bivouac/ |
| Parc naturel régional de Camargue | https://www.parc-camargue.fr/beauduc.html |
Respecter la nature et les autres pour un bivouac responsable
Au-delà du cadre légal, adopter une attitude respectueuse de l’environnement constitue la base d’un bivouac réussi. C’est malheureusement à cause des abus que la législation se durcit et qu’il y a de nombreuses interdictions dans certaines zones particulièrement appréciées.
Nous avons toujours suivi quelques principes fondamentaux qui devraient guider chaque amateur de camping sauvage ou de bivouac :
- La discrétion représente une règle d’or essentielle : arrivez tard (souvent vers 19h) et partez tôt (souvent avant 9h), privilégiez une tente de couleur discrète, et limitez votre impact visuel sur le paysage. Le respect de l’environnement implique de ne laisser absolument aucun déchet, d’éviter tout feu de camp (généralement interdit), d’éviter les nuisances sonores et de préserver la faune et la flore locales.
- Concernant l’hygiène, bannissez tout nettoyage direct dans les cours d’eau, utilisez des produits biodégradables, et emportez vos déchets organiques. Pour l’emplacement, évitez les zones inondables, la proximité des grands arbres (risque de foudre en cas d’orage), ou le contrebas de parois rocheuses.
- Pour votre sécurité et celle de tous, vérifiez toujours la réglementation locale avant votre départ, particulièrement en période de sécheresse ou de risque d’incendie. Les restrictions peuvent évoluer rapidement selon les conditions météorologiques et environnementales. Ne pas vous mettre en danger inutilement, c’est aussi respecter l’environnement et les autres.
Cette philosophie du « Leave No Trace » (ne laisser aucune trace) constitue bien plus qu’une recommandation : c’est un engagement envers la préservation de nos espaces naturels pour les générations futures et la condition sine qua non pour que ces pratiques puissent perdurer dans le respect de notre environnement.